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Cadastre des risques côtiers : dans les coulisses d'une étude sans précédent

  • tlaconde
  • il y a 1 jour
  • 5 min de lecture

Callendar publie, en partenariat avec l'association Conséquences, une étude intitulée "Risque littoral, érosion ou submersion marine : Quelle adaptation pour une façade littorale sous pression immobilière ?". Dans le cadre de cette étude, Callendar a réalisé un travail inédit par sa dimension et son niveau de détail : l'évaluation de l'impact du changement climatique sur les risques côtiers, parcelle par parcelle, pour l'ensemble du cadastre français.


L'étude complète est accessible librement via ce lien :


Pourquoi ce projet ?


En 2022, Callendar a publié une première étude du risque de submersion pour le marché immobilier français. La publication était accompagnée d'une application en accès libre permettant d'évaluer simplement la date de submersion de n'importe quelle adresse en France. Largement reprise par la presse économique, spécialisée et généraliste, cette étude est rapidement devenue une référence.


Élévation du niveau de la mer, tempête, érosion... Donner une vision complète des risques côtiers

Depuis cette publications, les risques côtiers ont souvent été dans l'actualité, mais c'est surtout le recul du trait de côte qui a fait parler de lui - avec la démolition de l'immeuble du Signal à Soulac-sur-Mer ou l'entrée en vigueur de la loi "Climat et Résilience" qui doit encadrer les projets d'aménagement et d'immobilier dans les communes exposées. Or ce risque n'était pas pris en compte dans notre étude de 2022.

Lorsque celle-ci était mentionnée, nous avons souvent dû rappeler la différence entre la submersion permanente (phénomène irréversible causé par l'élévation du niveau de la mer sous l'effet du réchauffement climatique), l'inondation temporaire (liée à une tempête ou à de grandes marées) et le recul du trait de côté (causé par l'érosion progressive du littoral). Les deux premiers phénomènes étaient pris en compte dans notre étude, pas le troisième.


Même si l'érosion est un phénomène très différent de la submersion ou de l'inondation, il nous est rapidement apparu qu'il fallait en tenir compte pour donner une vision exhaustive des risques littoraux et rendre nos résultats plus facilement utilisables.


Couvrir l'ensemble du territoire, y compris aux outremers

Une autre limite de notre étude de 2022 était de ne porter que sur les biens immobiliers référencés dans la base de données des "Demande de Valeur Foncière".


Cette base contient les adresses de tous les terrains, maisons ou appartements qui ont fait l'objet d'une transaction immobilière récente, entre 2016 et 2021 pour notre étude 2022. Son intérêt est de fournir le prix de vente, donc de permettre une évaluation financière des dommages que peut causer l'élévation du niveau de la mer. Mais elle est loin d'être exhaustive : 16 millions d'adresses lors de notre précédente étude alors que le cadastre compte près de 100 millions de parcelles.


Cette fois, nous avons voulu relever le défi : étudier l'ensemble du cadastre, parcelle par parcelle.


Exemple de zonages des parcelles exposées à un risque de submersion ou d'érosion dans le "cadastre des risques côtiers"
Extrait du cadastre des risques côtiers : parcelles exposées à un risque côtier aux Havre et dans ses alentours

Une autre limitation géographique de l'étude de 2022 : seule la métropole était couverte. La non prise en compte des outremers, si elle s'explique facilement pour des raisons d'accès aux données, nous pesait particulièrement. On sait en effet que les territoires ultramarins représentent près des trois quart du littoral français et qu'ils sont exposés à des risques spécifiques, par exemple en zone cyclonique.

Cette lacune est comblée : la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion et Mayotte sont inclus dans notre nouvelle étude.


Nous disposons maintenant d'une base de donnée inédite, nous permettant de connaitre l'état des risques côtiers pour n'importe quelle parcelle de terrain en France, aussi bien en métropole qu'outremer.

Exploiter le "cadastre des risques côtiers" en lien avec les acteurs et les experts du littoral

Cette base de données peut avoir de nombreuses exploitations puisque le cadastre référence l'ensemble des bâtiments : elle pourrait servir à identifier et quantifier les risques pour les monuments historiques, les installations industrielles, les infrastructures... Elle peut se substituer aux zonages de risques inondation là où il n'existent pas (les comparaisons ayant montré que les résultats sont très similaires là où ces zonages existent). Au niveau des collectivités, elle peut alimenter les plans climat-air-énergie territoriaux, des plans d'adaptation ou d’aménagement... Les cas d'usage sont presque infinis...


Pour ébaucher cette exploitation, nous nous sommes associés à l'association Conséquences et au journaliste indépendant Guillaume Amouret. Ceux-ci ont fait un travail remarquable qui a permis de prolonger l'étude bien au-delà de ce que nous avions fait en 2022. Cette enquête les a conduit à rencontrer de nombreux acteurs du littoral : maires, organisations d'élus (comme l'Association Nationale des Elus des Littoraux), agents immobiliers...


Plusieurs scientifiques et experts ont également contribué à ce travail, notamment Eric Chaumillon, géologue marin à l’Université de la Rochelle, qui a servi de conseil scientifique (et que nous remercions chaleureusement !). Des géographes (comme Catherine Meur-Ferec, professeure

de géographie à l’Université de Brest ou Eugénie Cazaux, docteure en géographie à l’Université de Bretagne), économistes (Hélène Rey-Valette, professeure d’économie à l’Université de Montpellier) et même psychologues ont été sollicités pour essayer de déchiffrer l'évolution des risques et surtout la façon dont ils se traduisent dans les décisions des personnes exposées.


Risques côtiers, érosion iu submersion marine : quelle adaptation pour une façade littorale sous pression immobilière ? Couverture du rapport Callendar - Conséquences

Les risques littoraux ont-ils un impact sur le marché immobilier ?


Au total, nous avons identifié un million de parcelles exposées à au moins un risque à l'horizon 2050. Comme lors de notre étude précédente, nous nous sommes posé cette question évidente :

Après Xynthia, après la démolition du signal... La matérialisation progressive des risques a-t-elle un impact sur le marché immobilier et sur la valeur des biens situés sur des parcelles à risques ?

Et le constat est le même qu'en 2022 : les biens immobiliers proches de la mer restent recherchés malgré les risques. Entre 2020 et 2024, environ 33.000 biens immobiliers ont trouvé preneurs alors qu'ils sont exposés à un risque de submersion ou d'érosion avant 2050. Au total, ces transactions ont représenté près de 8.3 milliards d'euros.


Ces biens ont même tendance à être plus chers que ceux qui ne sont pas exposés ! En moyenne, les appartements ou les maisons à risque sont 26 % plus chers que l’ensemble des biens vendus sur la commune. Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que les constructions continuent : au cours des 5 dernières années, 3146 permis de construire ont été accordés sur des parcelles exposées à l'érosion ou à la submersion.


Cependant certains acteurs rencontrés perçoivent un début de prise de conscience. Un agent immobilier indique par exemple que l'exposition aux risques côtiers est une des premières questions posées par ses clients. "Il arrive que des acquéreurs potentiels se désintéressent des biens en bord de mer après avoir pris connaissance des risques”.


Pour contribuer à cette prise de conscience, Callendar met à disposition une application en accès libre permettant d'évaluer les risques pour n'importe quelle adresse en France :


application gratuite d'évaluation des risques côtiers proposée par Callendar

Vous voulez aller plus loin que l'évaluation d'une adresse ? En savoir plus sur cette étude ? Vous avez des idées d'utilisation pour le cadastre des risques côtiers ? N'hésitez pas à nous contacter !

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